« Bande de filles », ou la folie Niafou

C’est le buzz du moment : « Bande de filles », de Céline Sciamma. Depuis sa sortie le 22 octobre, le film cartonne dans toutes les salles. Jeudi 23 octobre, le cinéma Le Studio accueillait ainsi près de 130 jeunes de l’OMJA pour une projection privée. Le point sur une soirée de cinéma et de débat.

A 19h30, le parvis du cinéma est noir de monde. Les jeunes trépignent d’impatience. Tous veulent voir ce film dont la France parle déjà. En habituée, l’équipe de l’OMJA canalise et oriente cette fougue juvénile. Les heureux élus qui ont pu s’inscrire dans les temps, obtiennent leur sésame avant d’entrer dans la salle.

20 heures tapantes : les lumières s’éteignent. La projection commence…

Inattendue, la première scène plante le décor : le film sera placé sous l’étoile du girl power et du tissage ! Au fil de la pellicule, le spectateur s’immerge donc dans le quotidien de quatre jeunes filles de cité – issues de cette génération « swagg/secret story » – alternant entre shopping, bagarres, affaires amoureuses et code d’honneur au quartier.

Beyonce Koulibaly iz b(l)ack !

Les images, aux accents gris/bleus, évoquent cette mélancolie banlieusarde, trompée par l’inépuisable énergie de la bande. Ainsi, à la pesanteur dramatique, s’oppose l’esthétique des prises de vue et des actrices, qui met en avant la force de caractère des jeunes filles confrontées à la réalité du quartier, mais aussi l’inaltérable solidarité qui les unit.

Toutefois, par moment, le spectateur est pris d’un malaise incompréhensible. Ou presque. Car les murmures qui finissent par s’élever dans la salle laissent entendre un début d’explication. « Cliché », « discriminatoire », « mauvaise image », les commentaires laissent finalement peu de place au doute : « Bande de filles » s’est heurté à l’inévitable écueil. Dans la lignée de « Fatou la Malienne », « La Squale » ou « Aïcha », le film tombe dans un grand nombre des stéréotypes habituels sur la banlieue : le deal, les bagarres, le vol, les parents absents, des grands frères violents, etc.

Le débat qui suit avec Bénédicte Couvreur, la productrice, confirme d’ailleurs cette impression. Mais celle-ci explique que « Bande de filles » n’est « qu’un point de vue sur la banlieue parmi d’autres », rappelant que les actrices en herbe avaient été pleinement impliquées sur le projet et qu’elles avaient eu « leur mot à dire ».

En fin de compte, ce que le spectateur retient de « Bande de filles », c’est ce qu’il voudra bien y voir. Message d’espoir et de tolérance pour les uns, assemblage de clichés éculés pour les autres, dans tous les cas, le film ne laisse personne indifférent…

K.B